Les Knicks de New York, fraichement éliminés des Play-offs, ont réussi une saison fantastique, pleine de rebondissements et jonchée de victoires. Privée de Playoffs depuis 2013, la Mecque du basket a enfin renoué avec les joutes d’après saison. Ces succès, le Madison Square Garden le doit à bien des choses. En tête de liste, le second souffle d’un coach parfois sous-estimé, Tom Thibodeau, et celui d’un Franchise Player improbable en la personne de Julius Randle.
La méthode Thibodeau
Le coach new-yorkais sort d’une excellente première saison avec les Knicks, pour laquelle il est même nommé Coach de l’année. Si de prime abord les spécialistes, comme les fans, se montraient septique avec cette équipe à l’effectif peu fourni, la franchise de la Big Apple nous a finalement agréablement surpris en bouclant une saison à 41 victoires et 31 défaites, les qualifiant ainsi pour les Play-offs en 4e position de l’Est.
Le plan de jeu de Thibs se résume pourtant très facilement : une défense de fer. La défense et Thibodeau sont aujourd’hui indissociables, à la manière de Tom et Jerry. En imposant une discipline qui lui est propre à ses joueurs, le coach a réussi à transformer son collectif en véritable muraille.
Les Knicks cette saison c’est le 4e Rating défensif de la ligue, en tête dans trois catégories statistiques en défense :
Catégorie | Moyenne | Rang en NBA |
---|---|---|
Rating défensif | 107,8 | 4 |
Points encaissés | 104,7 | 1 |
Rebonds défensifs | 35,5 | 7 |
Interceptions | 7,0 | 21 |
Tirs encaissés | 37,9 | 1 |
Tirs encaissés à trois points | 12 | 10 |
Pourcentage au tir des adversaires | 44 % | 1 |
Pourcentage à trois points des adversaires | 33,7 % | 1 |
Contres | 5,1 | 11 |
Pertes de balles provoquées | 12,8 | 23 |
En contestant tous les tirs et en abordant chaque possession avec un grand sérieux, l’équipe développe une véritable identité défensive. Au Madison Square Garden, il n’y a pas shoot facile. En propulsant son groupe parmi l’élite sur ce premier pan de jeu, Thibodeau se montre tout à fait à la hauteur des attentes placées en lui.
En revanche, New York est un cran en dessous de l’autre côté du terrain. En attaque, le manque de talent se fait ressentir. En conséquence, les Knicks pointent à la 23e position au Rating offensif.
Catégorie | Moyenne | Rang en NBA |
---|---|---|
Rating offensif | 110,2 | 22 |
Points marqués | 107 | 26 |
Passes décisives | 21,4 | 29 |
Lancers francs marqués | 16,4 | 19 |
Pourcentage au tir | 45,6 % | 21 |
Pourcentage à trois points | 39,2 % | 2 |
Pace | 96,32 | 30 |
Toutefois, la discipline qu’impose Thibodeau aux Knicks leur permet encore une fois de faire la différence. En prenant les bons tirs et en ralentissant le jeu autant que possible, l’équipe la plus lente de la NBA entend tirer profit de son avantage défensif. En saison régulière, les efforts stratégiques du coach payent.
Mais si les Knicks gardent la face sur le plan offensif, ce n’est pas seulement grâce à leur plan de jeu un peu old school. Thibs est bien sûr le maître à bord, mais le moins que l’on puisse dire, c’est que son second nous a impressionnés.
L’apport inattendu de Julius Randle
Le trophée de coach de l’année n’est pas le seul de la saison à New York. À son arrivée en ville en juillet 2019, on n’en attendait pas tant de Julius Randle. Pourtant, cette année, l’ailier fort des Knicks a remporté à la quasi-totalité des voix le trophée de meilleure progression de l’année (MIP).
Une progression statistique impressionnante, logiquement liée à l’augmentation de son temps de jeu sous Thibodeau, mais également à son développement offensif. Bien plus efficace derrière l’arc, plus impliqué dans le playmaking, Randle a véritablement franchi un cap.
Moyenne par match | Saison 2019-2020 | Saison 2020-2021 | Progression |
---|---|---|---|
Points marqués | 19,5 | 24,1 | + 4,6 |
Passes décisives | 3,1 | 6 | + 2,9 |
Rebonds | 9,7 | 10,2 | + 0,5 |
Interceptions | 0,8 | 0,9 | + 0,1 |
Contres | 0,3 | 0,3 | = |
Pourcentage au tir | 46 | 45,6 % | -0,4 |
Pourcentage à trois points | 27,7 | 41,1 % | + 13,4 |
Minutes | 32,5 | 37,6 | + 5,1 |
Une excellente surprise pour un joueur qui était plutôt attendu dans un transfert en début de saison pour faire de la place au rookie Obi Toppin. Très vite l’on s’est rendu compte que l’ancien joueur des Pelicans et des Lakers serait la pierre angulaire de cette équipe. En guise d’avant-goût, il obtient même une place au All-Star Game du haut de ses 26 ans.
Le néo All-Star new-yorkais a toutefois montré ses limites en Play-Offs avec une élimination 4-1 au premier tour face à Atlanta. Alors que les Hawks étaient l’équipe contre laquelle il avait le mieux joué en saison régulière, il n’a pas su tenir le rythme en postseason.
Moyenne par match | Playoffs | Saison régulière |
---|---|---|
Points marqués | 18,0 | 37,3 |
Passes décisives | 4,0 | 6,7 |
Rebonds | 11,6 | 12,3 |
Interceptions | 0,6 | 0,7 |
Contres | 0 | 0 |
Pourcentage au tir | 29,8 % | 58,1 % |
Pourcentage à trois points | 33,3 % | 50,0 % |
La série de Julius Randle est une véritable déception. Mais il faut tout de même garder à l’esprit qu’il s’agissait seulement de sa première campagne de Playoffs. L’apprentissage est difficile, il ne faut pas l’enterrer trop tôt.
De plus, n’oublions pas que la prise de poste de Nate McMillan en tant que coach des Hawks a été le moteur d’une transformation de l’équipe. Face à des Hawks bien plus forts qu’en régulière, il ne fallait peut-être pas en attendre autant de la part du MIP 2021.
Quelle suite pour les Knicks ?
New York revit enfin. Après plus de huit longues années sans Play-Offs, la série est enfin rompue. Le management des Knicks devra travailler très dur cet été pour continuer cette progression entamée cette saison.
Tout d’abord, jetons un coup d’œil aux contrats de l’équipe cet été :
- 7 joueurs sous contrat : Julius Randle, R. J. Barrett, Immanuel Quickley, Obi Toppin, Kevin Knox, Norvel Pelle (non garanti), Luca Vildoza (non garanti)
- 9 joueurs en fin de contrat : Mitchell Robinson (Option d’équipe), Derrick Rose, Alec Burks, Nerlens Noel, Reggie Bullock, Elfrid Payton, Frank Ntilikina, Taj Gibson, Theo Pinson, Jared Harper
- 1 ancien joueur toujours payé : Joakim Noah (6,4 M)
Quels joueurs doivent impérativement être prolongés ? Le poste de meneur de jeu étant très pauvre, offrir un contrat à Derrick Rose est une priorité pour New York. Parfait alliage entre performance et expérience, il a montré son importance en Play-offs, lors desquels il était clairement le meilleur joueur de son équipe.
En ce qui concerne Ntilikina, le coach ne compte pas sur lui et sa progression semble arrêtée. Lui laisser une opportunité ailleurs serait certainement bénéfique pour les deux partis. Quant à Elfrid Payton, il a signé une saison catastrophique et s’est même vu sortir de la rotation face aux Hawks, les Knicks ne devraient pas le resigner.
Concernant le poste 2-3 Burks et Bullock ont fait une très bonne saison. Une chose est sûre : plusieurs franchises s’intéresseront à eux. New York devra leur faire une offre, sans toutefois compromettre leur marge salariale.
Alec Burks pourrait être tenté d’aller ailleurs pour se voir confier davantage de responsabilités. La franchise devra faire des choix et, si ne pas se positionner sur le dossier serait une erreur, il ne serait pas surprenant de voir la franchise laisser Burks partir. De son côté, Bullock pourrait bien demander un salaire aux alentours de 10 millions de dollars. Il devrait logiquement négocier avec les Knicks, où il a l’air très heureux.
Attardons-nous désormais sur le poste 5. Mitchell Robinson a vécu une saison très compliquée avec très peu de matchs (31) à cause d’une fracture de la main puis du pied. Il est cependant le pivot d’avenir de cette équipe, un potentiel énorme.
Les Knicks sont toutefois face à un dilemme : activer l’option d’équipe de Robinson permettrait de le conserver encore une saison à moindre coût. Cela les mettrait cependant dans une situation plus compliquée à la Free Agency 2022, lors de laquelle il serait donc agent libre non restreint. Au contraire, décliner son option leur permettrait de maintenir son statut d’agent libre restreint et d’aborder la négociation avec plus de sérénité. Mais c’est encore une fois au risque de voir une autre équipe faire monter les enchères, ce qui forcerait possiblement les Knicks à tirer un trait sur leur pivot. Cette décision complexe sera au cœur de l’été des Knicks.
Derrière Robinson, Nerlens Noel est le pilier défensif de l’équipe. C’est leur tour de contrôle, 3e meilleur contreur de la ligue (2,2), derrière Rudy Gobert et Clint Capela, avec seulement 24 minutes en moyenne. Il recevra évidemment une offre du Front Office, qui a tout intérêt à le conserver, et particulièrement compte tenu de la situation de Robinson.
Enfin, Taj Gibson l’incontournable chouchou de Thibodeau réalise une saison correcte compte tenu de ses 35 ans. Le minimum vétéran pourrait être proposé à ce joueur vieillissant, qui ne fait absolument pas partie des priorités de la franchise.
Le dernier joueur est un cas particulier. Theo Pinson, s’il n’a pris part qu’à 17 matchs et des bouts de minute cette saison, est un homme fort du vestiaire et joue un rôle important dans la cohésion de l’équipe. À 25 ans, un contrat minimum est envisageable en fin de Free Agency.
Récapitulatif :
- Joueurs à prolonger en priorité : Derrick Rose, Mitchell Robinson, Nerlens Noel, Alec Burks, Reggie Bullock
- Joueurs à éventuellement prolonger : Taj Gibson, Theo Pinson
- Joueurs à libérer : Frank Ntilikina, Elfrid Payton
Au-delà de leurs propres Free Agents, les Knicks ont les moyens de tenter un gros coup pendant l’intersaison. Le Front Office pourrait dégager jusqu’à 50 millions de cap space en faisant une croix sur leurs agents libres.
Cet espace pourrait leur permettre de signer un playmaker comme Kyle Lowry, DeMar DeRozan, Dennis Schröder ou encore Lonzo Ball, qui seront disponibles cet été. S’il décline sa Player Option, Kawhi Leonard pourrait même devenir l’agent libre le plus convoité cet été.
En fonction de leurs prises sur le marché, les New-Yorkais devront faire un choix entre ces stars courtisées ou les éléments qui ont permis leur renouveau cette saison. L’arrivée d’un joueur d’un tel calibre pourrait cependant permettre à l’équipe de franchir un nouveau palier.
Compte tenu de leurs ressources, les Knicks sont également en bonne position pour réaliser un gros transfert si l’occasion se présente. Si un joueur comme Damian Lillard ou Bradley Beal venait à être disponible, le management pourrait choisir de sacrifier leurs choix de Draft et leurs jeunes joueurs pour se positionner sur leur dossier. Au vu de son cap space avantageux, la franchise dispose d’une flexibilité particulièrement rare dans la ligue qui pourrait séduire les partenaires d’échange.
S’ils ne se positionnent sur aucun trade, leur propre premier tour de Draft et celui des Mavericks, ainsi que les seconds tours des Pistons et des 76ers, permettront aux Knicks d’apporter du sang neuf à l’effectif. James Bouknight et Ziaire Williams sont notamment pressentis par ESPN. Le choix habile d’Immanuel Quickley lors de la précédente sélection peut nous rassurer quant à la capacité du Front Office à consolider le roster par ce moyen.
Sur une excellente dynamique, les Knicks de New York doivent continuer à travailler avec sérieux. La stabilité est de retour, Leon Rose sait ce qu’il fait. Il ne faut toutefois pas trop en attendre de la saison prochaine. L’objectif reste les Play-offs, mais cela ne doit pas être vu comme une nécessité. New York ne doit surtout pas se précipiter dans le but de maintenir ses résultats.
L’essentiel se trouve ailleurs : d’abord le développement des jeunes, comme Quickley, Toppin, Barrett, qui doivent passer un cap pour permettre à cette équipe de progresser. En parallèle, la construction d’un effectif cohérent qui permettra, à terme, de viser le titre.