La fête leur monte à la tête
Les Playoffs viennent toujours avec leur lot de surprises, parfois même de la part d’acteurs extérieurs au terrain. Les supporters — privés de salles pendant plusieurs mois — ont eu, comme toute personne après un confinement, du mal à retrouver un comportement normal en société. Des animaux à la place de citoyens éduqués, voilà ce que l’on a pu trouver dans nos tribunes NBA.
L’irrespect et la stupidité de l’être humain ont d’abord été aperçus dans les premières rangées des gradins du Madison Square Garden. Au moment où Trae Youg — le chouchou des supporters — réalisait une remise en jeu en seconde période face aux Knicks, le lutin s’est pris le lamentable crachat d’un fan sur l’épaule. La franchise, qui n’avait pas sévi envers les insultes subies par le meneur des Hawks durant les deux premiers matchs de la série, a cette fois-ci banni ce lama fâché du MSG.
Au cours de la même soirée, et lors du Game 2 de Sixers — Wizards, c’est Russell Westbrook qui a fait les frais d’un fan haineux au début du quatrième quart-temps. Alors que le Brodie rentrait au vestiaire pour soigner une blessure, un homme a cru bon de lui jeter des pop-corn depuis les gradins qui surplombent le tunnel. Mister Triple-Double n’a pas du tout apprécié, son coéquipier Bradley Beal non plus, et il a fait part de son dégoût à propos du geste en question après le match. Même peine que pour le New-Yorkais, le supporter n’est plus le bienvenu au Wells Fargo Center.
Histoire de rester dans le thème, c’est dans l’Utah que des spectateurs ont aussi été bannis par l’organisation du Jazz. Pendant le match 2 ce mercredi, trois fans s’en sont pris aux parents de Ja Morant, présents en tribune. La sentence est rapidement tombée : pour une durée indéfinie, les responsables ne pourront plus mettre les pieds dans la Vivint Arena. On avait dit que l’on ne touche pas à la famille !
Dernier événement en date : un supporter lançant une bouteille sur Kyrie Irving, alors que le meneur des Nets rejoignait le vestiaire après la victoire des siens. La sécurité ne s’est pas fait attendre : d’abord les menottes, puis une exclusion à vie du Garden. « Je sais que rester chez soi pendant un an et demi à cause de la pandémie a rendu les gens nerveux et qu’ils sont stressés », a réagi Kevin Durant en Conférence de presse. « Mais quand ils viennent dans une salle, les gens doivent réaliser qu’on est des humains. Nous ne sommes pas des animaux. On n’est pas au cirque. » Et il faut bien dire que, même en dehors du terrain, Durant marque un point.
Les Bleues en campagne
L’équipe de France féminine débute sa préparation pour l’Eurobasket 2021. La compétition se tiendra du 17 au 27 juin prochain, avec des phases de groupes à Strasbourg et des phases finales en Espagne. Cette semaine, les joueuses de Valérie Garnier ont justement affronté l’ennemie espagnole. Un duel « historique » qu’elles ont remporté par deux fois au Palais des Sports de Toulouse.
Dimanche, l’intérieur Alexia Chartereau (15 points) et la meneuse Olivia Epoupa (6 points, 4 rebonds, 8 interceptions) ont guidé le collectif vers la victoire (66-57). Le lendemain, les bleues ont remis le couvert. La capitaine Endy Miyem (10 points, 7 rebonds) et les joueuses WNBA Iliana Rupert (12 points, 5 rebonds), et Gabby Williams (13 points, 6 rebonds, 3 passes) ont permis à la France d’écraser nos voisines 72 à 45.
L’EDF est désormais à Mulhouse, pour un ultime stage avant l’échéance européenne. Là-bas, elle rencontrera l’Italie en back-to-back, la Suède puis enfin la Turquie. Une série de matchs idéale pour mettre dans le rythme les coéquipières de Marine Johannes.
Décès d’un rock du Jazz
Ce samedi 29 mai, la légende du Jazz Mark Eaton nous a quittés à l’âge de 64 ans. Il avait remporté deux titres de Meilleur Défenseur de l’année en 1985 et 1989 en devenant un spécialiste au block. Il culmine d’ailleurs à la quatrième place des contreurs les plus prolifiques de l’histoire de la ligue avec 3064 stops.
On l’avait récemment vu aux côtés de Rudy Gobert lorsque notre français avait reçu son deuxième trophée de DPOY en 2019. Le pivot de 2,24 m des années 80 était un réel mentor pour le pivot tricolore, et Rudy Gobert n’a pas manqué de lui rendre hommage sur les réseaux sociaux. C’est un grand choc pour ses proches et toute la planète Basket.
Quand les blessures s’en mêlent
Une des séries les plus indécises de ce premier tour des Playoffs voit son scénario complètement chamboulé par les pépins physiques.
Chris Paul connaît, depuis la première mi-temps du match d’ouverture des Playoffs, une douleur à son épaule droite, provoquant ainsi un réel handicap pour trouver le cercle. Bien qu’il soit revenu sur le terrain lors du Game 1, mais aussi à chaque partie suivante, les vieux os du playmaker de 36 ans lui font défaut au pire moment de la saison. CP3, à la mécanique de tir très particulière, ne retrouve pas ses standards habituels et ne contribue plus au scoring de son équipe.
Six points dans la deuxième rencontre en 22 minutes puis sept points dans le troisième match en 27 minutes de jeu. Deux matchs qui se sont soldés par des défaites. Le Game 4 était toutefois porteur d’espoir. 18 points, 9 passes et pas la moindre perte de balle pour le meneur, offrant une seconde victoire aux siens et ramenant la série à égalité. Attention tout de même, car l’ambition des Suns ne se limite pas au premier tour. L’épaule de Chris Paul tiendra-t-elle sur la durée ? Impossible à dire, mais ce qui est certain, c’est que l’état du meneur déterminera la suite du parcours de son équipe.
Comme en 2018, avec les Rockets, les blessures pourraient venir gâcher ses efforts. Pour le moment, nous ne sommes pas ce cas de figure puisqu’il poursuit son chemin sur les terrains. Pour autant, Monty Williams, le coach des Suns, a bien affirmé qu’il ne ferait pas jouer CP3 si sa santé ne le permettait pas.
De l’autre côté cette fois-ci, les blessures ne sont pas non plus clémentes avec les purple and gold. Après un problème de genou, Anthony Davis est sorti à cause d’une blessure à l’aine lors du Game 4 de la série, dimanche soir, scellant ainsi le sort des Lakers dans le match. Les images de Davis, au sol, en train de se tenir la jambe, sont plus qu’inquiétantes et l’incertitude plane sur son dossier. Listé en « day-to-day », sa blessure serait apparemment sans gravité. L’évolution de ces deux cas sera déterminante pour la série et pour le reste des Playoffs.
Teddy vous assist
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Q : Si les Clippers se font sortir par les Mavericks, quelles conséquences pour leur projet ? — Tristan V.
R : Au moment où ces lignes sont écrites, les Clippers sont à égalité avec les Mavericks dans une série qu’ils se doivent de gagner. Dallas a remporté les deux premiers matchs au Staples Center et l’odeur d’une nouvelle désillusion pour la deuxième meilleure franchise de Los Angeles a sérieusement pointé le bout de son nez. Deux victoires rassurantes chez l’adversaire leur permettent d’envisager l’avenir avec optimisme, mais seule l’issue de la série comptera réellement.
Lawrence Frank et le staff des Clippers avaient tout fait durant l’intersaison, puis à la trade deadline, pour organiser une équipe solide et complète autour de Paul George et Kawhi Leonard. Et si le premier cité peut encore porter le maillot de LA jusqu’en 2025, le second sera libre à l’intersaison s’il n’active pas sa Player Option à 36 millions de dollars. Pandemic P toucherait effectivement plus de 130 M$ pendant les quatre prochaines années, un coup de poker des Clippers qui pourrait rapidement se transformer en lourd fardeau.
Je n’ai pas envie de parler de fin de projet puisque les deux stars sont biens en forme et ont réalisé — sur le plan individuel — des saisons réjouissantes… en load management. Même en se prenant les plus grandes vagues de honte que la Twi-Terre n’ait jamais connues, les Clippers ne devraient pas se détruire. C’est en tout cas ce que je leur souhaite. La quête pour le trophée n’est pas chose aisée, surtout cette année, dans une conférence Ouest ouverte et très relevée.
Je n’ai alors pas envie de dramatiser le sort des Clippers s’ils connaissent une sortie prématurée. Par contre, s’ils sont amenés à perdre, des critiques envers la gestion de certains joueurs seront mises sur le devant de la Seine. L’année passée, les joueurs ont eu raison de leur coach et les dirigeants ont éjecté Doc Rivers. Tyronn Lue — un entraîneur dans l’affecte — lui a succédé, sans que les athlètes n’endossent vraiment la responsabilité de cet échec.
Cela ne pourra pas passer une seconde fois. Il faudra assumer ses fautes et arrêter les déclarations et comportements d’enfant roi (sans couronne). Changer, en outre, sa manière d’aborder la régulière puis les Playoffs. Si messieurs les Clippers arborent depuis deux saisons la tenue de favoris, ils n’ont pourtant jamais prouvé qu’ils méritaient ce titre. Et alors que l’on pensait enfin que le collectif vivait bien, cela ne se traduit pas sur le terrain.
Est-ce que Kawhi et PG13 sont de bons leaders ? On peut en douter. Est-ce que la faute doit forcément être rejetée sur eux ? En partie, tout du moins. Mais est-ce que justement ce duo voudra encore jouer pour l’équipe californienne ? C’est ça, la véritable question. On l’a vu par le passé, ces deux joueurs aiment vagabonder sans trop de gêne, et sans trop de fierté non plus. Rester véritablement attaché à un ou deux maillots, à une ville, dans une carrière est une époque révolue. Demander son transfert, par contre, est encore plus tendance que le Mojito de 20 h en terrasse.
Je reste plutôt optimiste concernant l’année qui suit des Clippers, peut-être parce que les investissements de la franchise sont tels que je n’arrive pas à penser autrement.
Q : La saison est réussie, mais est-ce que les Knicks ne risquent pas de sombrer à nouveau dans les prochaines années ? — Léo L.
R : Mon cher Léo, tu as toujours eu ce côté précautionneux. Tu doutes, te remets en question, ne vis pas assez le moment présent. C’est un défaut qui fait aussi ta force, et la force de chacun des fans des Knicks, qui profitent enfin d’une magnifique éclaircie à travers les nuages de New York…
Justement, je veux la jouer très optimiste. Avec l’effectif qu’ils ont eu tout au long de la saison, rien ne portait à croire que les Knicks se qualifieraient en Playoffs. Et pourtant, les hommes de Thibodeau se sont classés 4e de l’Est grâce à un système de jeu bien rodé en défense et un mouvement de balle permettant aux joueurs de s’épanouir en attaque. Un leader de 26 ans, Julius Randle, s’est révélé à la surprise de tous, décrochant ainsi le titre de MIP.
Aussi bizarre que cela puisse paraître à New York, chaque membre de l’effectif connaissait son rôle. Les plus expérimentés ont apporté leur qualité, sans tenter de tirer la couverture sur eux à la manière d’un Derrick Rose bien dans ses baskets et d’un Reggie Bullock au poignet enflammé.
Et ce n’est pas tout ! Le point d’exclamation de cette saison a été d’admirer l’évolution du 3e choix de la Draft 2019, RJ Barrett, qui a planté ses 17,6 points de moyenne dans une équipe qui gagne. Car oui, les Knicks peuvent — pour une fois — s’offrir un brin de sérénité. Ils possèdent dans leurs rangs de jeunes pépites évoluant à un bon rythme, un luxe sur lequel ils peuvent compter dans les prochaines années. Le meneur-shooter Immanuel Quickley a brillé en sortie de banc, pendant qu’un autre rookie longtemps convalescent, Obi Toppin, démarre sa carrière professionnelle plus calmement.
Les mois à venir s’annoncent plutôt radieux sur la Big Apple. Avec une hype retrouvée — le Madison Square Garden en mode Playoffs peut en témoigner —, je ne me fais pas trop de doute sur l’attractivité du maillot orange et bleu. La banque des Knicks peut encaisser d’importants salaires. Alors, voyons qui sonnera à la porte de la ville qui ne dort jamais.
Pour la faire courte, les trois salaires les plus élevés pour l’année prochaine sont ceux de Julius (20 M$), RJ Barrett (8 M$) et Kevin Knox (6 M$). Une ribambelle de gars seront bientôt agents libres. Prolongeront-ils à New York City ou partiront-ils ailleurs ? Le montant de leur salaire décidera pour eux. Alec Burks, pour ne citer que lui, n’a touché que 6 M$ cette saison. Avec près de 13 points par rencontre, il espère certainement une rémunération plus juste.
Comme tu l’as compris Léo, le roster des Knicks risque de bouger. Mais les fondations posées par Thib’s et son groupe ont l’air solides et ne présagent pas un retour aux années ternes que les Knicks ont connues ces dernières saisons. La concurrence reste toutefois rude, mais j’ai bien l’impression que le statut — de la liberté — a enfin changé pour nos New-Yorkais.