Stanford remporte le titre et récolte le fruit de ses sacrifices

par Benjamin Moubeche

29 ans après son dernier titre NCAA, l’Université de Stanford est de nouveau championne. Le Cardinal a tenu le coup jusqu’à la dernière seconde pour triompher des Wildcats de l’Arizona 54-53, dimanche soir, lors de la finale du championnat universitaire féminin.

Les joueuses de Stanford, championnes 2021 après une saison de sacrifice. Photo : Carmen Mandato / Getty Images
Les joueuses de Stanford, sacrées championnes 2021 après une saison de sacrifice. Photo : Carmen Mandato / Getty Images

Alors qu’il ne reste que 6,1 secondes au chrono et un point d’avance pour Stanford, la balle revient logiquement à Aari McDonald. Après un tournoi bien au-delà de toute attente, un poids immense repose sur ses épaules. Coincée par trois défenseurs, la meneuse d’Arizona se retourne et lance un dernier tir désespéré.

Le buzzer retentit, tandis que le ballon heurte l’arrière de l’arceau et rebondit dans la raquette. L’histoire aurait été bien différente si le tir était rentré, mais elle n’est pas moins belle pour autant. Ce n’est tout simplement pas celle du tir héroïque d’Aari McDonald pour sauver les Wildcats. C’est celle d’une équipe prête à tous les sacrifices pour atteindre son but, offrant à VanDerveer et à Stanford leur premier titre depuis 1992.

Alors que résonne le buzzer final de la saison, les joueuses du Cardinal se précipitent vers le banc, les remplaçantes se ruent sur le terrain, et ainsi commence une longue série d’accolades de circonstance. Comme toujours dans ces moments-là, le jeu laisse place à l’émotion.

L’entraîneure Tara VanDerveer, en particulier, a de bonnes raisons d’être émue. Plus qu’une victoire, elle célèbre 35 ans à la tête du programme de l’une des universités les plus prestigieuses du monde, auréolés d’une intronisation au Hall of Fame en 2011 et désormais d’un troisième titre national.

Lorsque la coach de 67 ans — arrivée au bout d’une quête individuelle et collective si éprouvante — grimpe l’échelle pour couper le filet, le symbole est fort.

Stanford head coach Tara VanDerveer cuts down the net after the championship game against Arizona in the women's Final Four NCAA college basketball tournament, Sunday, April 4, 2021, at the Alamodome in San Antonio. Stanford won 54-53.
Tara VanDerveer, coach de Stanford, coupe le filet pour célébrer son premier titre depuis 29 ans. Photo : Associated Press

« Nous avons réussi le comeback contre Louisville, nous l’avons échappé belle contre South Carolina, nous l’avons échappé belle contre Arizona », rappelle VanDerveer. « Parfois, il faut avoir de la chance. Je l’admets, nous avons eu beaucoup de chance de gagner. »

Première équipe à remporter la demi-finale et la finale d’un seul point dans l’histoire de la NCAA — compétition masculine et féminine confondue —, on peut effectivement dire que Stanford l’a échappé belle. Mais, pour remporter un titre national, il faut bien sûr beaucoup plus que de la chance. Ce que ce trophée a coûté à Stanford en réalité, c’est surtout un grand nombre de sacrifices.

Compte tenu des restrictions en vigueur dans le comté de Santa Clara, en Californie, le contexte sanitaire a été plus difficile à vivre pour le Cardinal que pour n’importe quelle autre équipe dans le circuit. Interdite de jouer à domicile au début de la saison, c’est dans un road trip d’une dizaine de semaines et de plus de 10 000 kilomètres que Stanford s’est imposée comme l’une des meilleures formations de la compétition.

Les joueuses ont été contraintes de passer une centaine de nuits dans leur chambre d’hôtel, à Las Vegas ou là où le calendrier les emmenait, pour se préparer à l’ultime rencontre. Malgré ces conditions, c’est en tant que tête de série n° 1 que l’équipe termine la saison.

Haley Jones, Most Outstanding Player du Final Four. Photo : Carmen Mandato / Getty Images

Lorsque — comme toutes les autres équipes conviées au tournoi — le Cardinal a dû rejoindre la bulle mise en place par la NCAA à San Antonio, le paysage lui était familier. Tête de série habituée à sa propre bulle, Stanford est arrivée mieux préparée pour la March Madness que n’importe quelle autre formation.

Le moment venu, Tara VanDerveer et ses joueuses se sont montrées à la hauteur de leur statut. Pour entamer, le tournoi : une victoire 87-44 face à Utah Valley, puis 73-62 face à Oklahoma State. Arrivée au Sweet 16, elles n’ont fait qu’une bouchée de Missouri State : 89 à 62, derrière les 17 points à 5-7 de Hannah Jump et les 16 points de Kiana Williams.

Le stade suivant était bien plus éprouvant. Avec 12 points d’avance à la mi-temps, l’équipe de Louisville était bien partie pour mettre un terme au parcours de Stanford. Il aura fallu un run impressionnant en deuxième mi-temps pour permettre au Cardinal de sortir la tête de l’eau et finalement s’imposer sur le score de 78 à 63 — loin de refléter la dynamique de la rencontre.

Leur confrontation face à South Carolina, pour le Final Four, aurait tout aussi bien pu avoir raison d’elles. Sans la performance exceptionnelle d’Haley Jones (24 points à 11-14 au tir), bien accompagnée par les 18 points, 13 rebonds et 4 passes de Lexie Hull, Stanford aurait pu tirer un trait sur ses rêves de titre national. C’est avec un maigre point d’avance que l’équipe a pu décrocher son ticket pour la finale.

Confrontées à des challenges toujours plus relevés, les joueuses de Stanford arrivent en finale avec la ferme intention de repartir avec le titre. Mais en face, les Wildcats d’Aari McDonald ne sont pas moins déterminés.

SAN ANTONIO, TEXAS - APRIL 04: Aari McDonald #2 of the Arizona Wildcats is pressured by Cameron Brink #22 of the Stanford Cardinals in the National Championship game of the 2021 NCAA Women's Basketball Tournament at the Alamodome on April 04, 2021 in San Antonio, Texas. (Photo by Elsa/Getty Images) ORG XMIT: 775630874 ORIG FILE ID: 1310817631
Aari McDonald, sensation du tournoi universitaire, confrontée au mur de Stanford. Photo : Elsa / Getty Images

Stanford sait le danger que représente McDonald, l’une des joueuses les plus impressionnantes sur l’ensemble du tournoi. Tout naturellement, la stratégie défensive adoptée par VanDerveer consiste à cibler la meneuse afin de lui faire perdre ses moyens.

Malgré ses 22 points — dont 8 sur la ligne des lancers —, la tactique fonctionne, limitant McDonald à 5-21 au tir. Sans sa star, l’attaque d’Arizona s’effondre. Autour d’elle, seule Shaina Pellington s’en sort, profitant du focus défensif pour marquer 15 points et prendre 7 rebonds.

De l’autre côté, le Cardinal joue sur son avantage de taille, bonifiant l’impact de Cameron Brink (10 points et 6 rebonds en 19 minutes) dans la raquette. Derrière une Haley Jones à 17 points, 8-14 au tir et 8 rebonds, Stanford conserve l’avantage pendant la majorité de la rencontre.

Malgré tout, la pression défensive qui avait jusqu’ici tant réussi aux Wildcats leur permet de recoller à seulement un point. Alors qu’il ne reste que 6,1 secondes au chrono et un point d’avance pour Stanford, la balle revient logiquement à Aari McDonald. Mais la suite, vous la connaissez.

Les deux équipes explosent — chacune à sa manière — lorsque Stanford est sacrée championne au terme d’une saison riche en sacrifices. « Après avoir traversé toutes les choses que nous avons traversées, nous sommes ravies de remporter le championnat COVID », affirme l’entraîneure. Un trophée durement acquis, que Tara VanDerveer et ses joueuses ne sont pas prêtes d’oublier.

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