Nuit Magic, une deadline tragique ?
Jeudi 25 mars signait la trade deadline 2021. Une dernière journée afin de réaliser les ultimes mouvements au sein de son roster, les derniers de la saison pour beaucoup. Une période qui a souvent pour objectif d’ajouter une pièce intéressante à son effectif pour faire la différence en Playoffs, mais qui permet également — comme on l’a vu hier soir avec des franchises en difficulté — d’effectuer quelques transactions pour préparer le terrain en vue de l’été suivant.
Une franchise s’est justement illustrée dans ce second domaine : celle du Magic d’Orlando. Les Floridiens ont balayé en une après-midi une décennie de leur histoire en transférant la quasi-totalité des cadres de leur équipe. Et alors qu’on attendait le Magic bien agité sur cette soirée, Orlando a réellement fait figure d’enfant hyperactif en voyage à Disney.
Avant-dernier de la conférence Est, le Magic ne jouait plus grand-chose en cette régulière. D’ailleurs, il ne jouait plus grand-chose depuis pas mal d’années déjà. Dans le ventre mou de sa conférence, il devait batailler chaque saison pour se frayer une modeste place en Playoffs puis se faire éliminer dès le premier tour. L’effectif, qui commençait terriblement à s’essouffler, se voit alors complètement modifié, prêt à entamer un nouveau conte de fées.
Premier à être éloigné du « projet », Nikola Vucevic est envoyé chez les Bulls en échange des juniors Wendell Carter et Otto (pas très) Porter. Le double All-Star au contrat dégressif, à une vingtaine de millions de dollars la saison prochaine, apportera une force offensive majeure dans la raquette de Chicago.
Deuxième nom sorti du chapeau, celui d’un français : Evan Fournier. Agent libre cet été, il part finir la saison chez des Celtics plus compétitifs. Le Magic récupère deux futurs seconds tours de Draft en contrepartie. Vavan, qui a passé près de sept ans en Floride, nous a gratifiés de deux belles performances pour achever son aventure là-bas. 31 points en début de semaine, puis un buzzer beater pour faire gagner son équipe mercredi. Voilà les derniers souvenirs qu’il laissera à Orlando. Désormais, direction le Massachusetts, pour une période indéterminée, afin de profiter de son prime.
Dernier gros mouvement pour tirer le trait sur le passé : le départ d’Aaron Gordon à destination de Denver. Plutôt que de lui proposer une prolongation de contrat, le Front Office du Magic a finalement décidé de se séparer de sa pépite — un transfert presque inévitable dans cette succession de transactions. Les Nuggets parient alors que les qualités athlétiques du garçon et sur ses pointes explosives au scoring.
En plus de Gordon, Denver a ajouté Javale McGee à son effectif — qui signe son retour dans la franchise dans laquelle il a réalisé ses plus mémorables « Shaqtin’ a fool ». Deux jolis coups alors que les Nuggets manquaient de taille et d’athlétisme depuis la dernière intersaison. En échange, le Magic reçoit Gary Harris, RJ Hampton et un premier tour de Draft, histoire de démarrer une périlleuse reconstruction… Car oui, si Orlando a procédé au fameux nettoyage printanier, il faudra espérer voir débarquer du bon monde à l’Amway Center !
Dans le dur des blessures
Alors que la régulière bat son plein, de nombreuses franchises voient leur effectif diminué en l’absence de leurs joueurs stars. Prétendantes pour le titre ou combattantes pour une qualification en Playoffs, le sort s’acharne sur des équipes pourtant bien lancées et pourrait bien redistribuer les cartes en cette deuxième moitié de saison.
À Charlotte et San Francisco, les franchises attendent patiemment le retour de leur meneur pour espérer une place en postseason. Les deux équipes — au bilan quasiment similaire flirtant avec les 50 % de victoires — nous ont offert une première partie de saison clinquante. Certes, c’est loin d’être parfait, mais elles ont pu toutes les deux compter sur un guard au talent plutôt évident pour se lancer. D’un côté, on retrouve le vieux à la tête de bébé : Steph Curry, qui a signé un retour fracassant. De l’autre, on voit évoluer un jeunot sous-médiatisé nommé LaMelo Ball déjà patron-gestionnaire d’une attaque NBA.
Cependant, dans cet élan de réussite, ces deux joueurs se sont blessés la semaine passée. Le franchise player des Warriors est à l’infirmerie depuis le 7 mars pour une douleur coccyx. Pas encore complètement rétabli, Curry prolongera son absence d’une semaine. LaMelo, quant à lui, s’est fracturé le poignet. Sorti de son opération, il sera réévalué d’ici quatre semaines par les Hornets. Dans les deux cas, leurs blessures ne sont pas trop graves. Néanmoins, elles auront quand même une incidence sur la fin de leur saison de leurs équipes — pour la raison énoncée plus tôt —, mais aussi sur le plan individuel, et surtout pour le second. LaMelo Ball, grand favori pour le titre de Rookie Of the Year, espère être rapidement remis de sa blessure pour récupérer — sans laisser place au débat — un trophée qui lui est dû.
En parlant de trophée justement, penchons-nous sur celui qui est réservé à l’équipe championne. Après une quarantaine de rencontres effectuées, des tendances semblaient confirmer les quelques franchises candidates pour le titre suprême. La liste était encore bien définie il y a une semaine, mais de fâcheuses blessures pourraient chahuter les classements de la ligue.
Commençons par Sa Majesté le King. Samedi soir, des Lakers toujours privés de leur intérieur vedette Anthony Davis recevait les Atlanta « remontada » Hawks pour un match qui s’annonçait de toute manière décevant, puisque les deux équipes jouaient à horaire européen. Pour la franchise qui accueillait, cette rencontre a même pris des allures de drame. Au deuxième acte, LeBron James retombe mal sur sa cheville lors d’un rapide choc avec le vétéran Salomon Hill. Revenu directement dans la partie tel un cyborg, LBJ s’en va finalement quelques secondes plus tard.
Les Californiens se retrouvent donc orphelins de leurs superstars pendant une durée indéterminée puisqu’aucune date n’est encore posée pour le retour d’Anthony Davis. Quant à LeBron James, celui-ci se tiendra éloigné des parquets durant trois semaines, au minimum. Et leurs premiers matchs dans cette configuration n’ont pas rassuré une fan base endeuillée. Défaites contre les Suns puis les Pelicans, et les Lakers risquent de descendre peu à peu dans la Conférence la plus dense de la ligue. Calendrier difficile ou pas, les purple and gold vont en baver chaque soir pour décrocher la victoire.
Alors qu’il n’y a pas eu de mouvements à la trade deadline chez les Angelinos, ils devront affronter les semaines à venir avec les mêmes soldats. Enfin, tout dépend de la décision de LaMarcus Aldridge et Andre Drummond, qui devraient tous les deux écouter l’offre des Lakers. L’effectif s’appuie en tout cas sur de beaux talents, mais n’arrive pas à créer une arme collective bien convaincante. C’est aussi cela de jouer sous LBJ. Votre monarque s’en va, et tout le royaume est largué. Certains voient les Lakers lourdement chuter au classement et contraints de passer par la case Play-in pour se qualifier. Chez L’Analyste, on préfère attendre de voir comment le groupe évolue plutôt que de faire des conclusions hâtives.
Repartons dans les hauteurs de l’Est maintenant. Car s’il y a une conférence qui est touchée par une pluie d’absents, c’est bien elle ! Sixers, Nets, Celtics ou même Bucks, chacune de ces franchises n’a pu évoluer avec son meilleur joueur lors des derniers matchs. Des blessures encore une fois mineures, mais qui éloignent Kevin Durant ou Joel Embiid des parquets pendant quelques semaines. Deux tops players calibres MVP, convalescents, que l’on préfère absents maintenant plutôt que de mai à juillet. Pour le pivot, cette absence pourrait cependant sonner la fin de sa course en tête du peloton pour le titre de MVP. Cependant, leurs équipes s’en sortent plutôt bien sans eux et poursuivent leur belle série.
Pour le moment, il n’y a pas de quoi s’alarmer, pour la majeure partie des franchises tout du moins. La saison NBA est longue et soigner les vilains bobos, c’est maintenant ou jamais. Ceci étant, si nos joueurs préférés pouvaient revenir, et vite, cela nous arrangerait. Histoire de ne pas veiller pour rien.
La NBA pleure le décès d’un pionnier
Ce lundi, une légende de la balle orange s’est éteinte à l’âge de 86 ans. Elle s’appelait Elgin Baylor et a passé treize saisons en NBA, toutes sous les couleurs des Lakers. Sélectionné en premier choix de sa Draft 1958, il atterrit donc à Los Angeles Minneapolis. Rookie Of the Year en 1959, il emporte ses talents à la cité des anges un an plus tard, lorsque la franchise est délocalisée, jusqu’en 1971.
Elgin Baylor aura marqué à tout jamais l’histoire de notre sport, et bien plus encore. Sur les parquets, il a été un véritable précurseur. L’ailier, au numéro 22 iconique, est le premier grand scorer que la NBA ait connu. Avec des moyennes dépassant les 24, 27, 30 voire 38 points sur toute une saison, Elgin représentait le Basketball moderne, le Basketball qu’on aime. Son record, le Hall of Famer l’a inscrit face aux Knicks en 1960. La marque est de 71 points, correct. Mais malgré tout ce talent, ce joueur iconique ne connaîtra jamais la saveur d’un titre NBA malgré huit participations en Finales.
Ah, cela lui collera à la peau, même tout là-haut… La bague, ce petit objet qui manque à son palmarès, ce bijou glorificateur réservé aux Winners, Elgin aurait pu l’obtenir, mais lorsque l’on est malchanceux, on le reste jusqu’au bout. En 1971, il démarre ce qui allait être sa quatorzième année en NBA. En fin de rotation de Lakers prêts à devenir champions, Elgin n’est plus le joueur qu’il était. Et alors, un dernier tour de piste pour chercher une breloque avec un rôle mineur. Tout le monde en rêve, non ? Pas lui. Le gentleman se retire après neuf petits matchs au compteur. Quelque mois plus tard, en 1972, les Lakers de Jerry West remportent enfin ce titre de champion NBA sans Baylor. À une saison près, le récit aurait été bien différent…
Et malgré ce manque, cette icône a pu partir sans regret. Elgin Baylor était un homme en pourpre, oui, mais en or d’abord ! Grand militant dans la lutte antiségrégationniste, sa révolution, Elgin l’a également menée en dehors des terrains. Ses exploits sur les parquets et en dehors lui ont valu sa statut devant le Staples Center et son maillot au plafond de celui-ci. Elgin Baylor nous a quittés — dans des circonstances naturelles — et comme le destin est bien fait, le maillot City Edition des « Blue and White » lui est dédié cette saison. Hommage.
Les moves de la nuit
- Nikola Vucevic aux Bulls
- Evan Fournier aux Celtics
- Aaron Gordon aux Nuggets
- Victor Oladipo au Heat
- George Hill aux 76ers
- Rajon Rondo aux Clippers
- Lou Williams aux Hawks
- JJ Redick aux Mavericks
- Norman Powell aux Blazers
- JaVale McGee aux Nuggets
- Daniel Theis aux Bulls
- Nemanja Bjelica au Heat
- Brad Wanamaker aux Hornets
- Terrence Davis aux Kings
- Daniel Gafford et Chandler Hutchison aux Wizards
- Troy Brown et Mo Wagner aux Bulls
- Matt Thomas au Jazz
- Marqueese Chriss aux Spurs
Teddy vous assist
Vos questions, nos réponses. Chaque semaine, nous répondons à deux questions que vous nous avez envoyées par mail ou sur nos réseaux sociaux. Pour nous faire parvenir vos questions, envoyez un mail à contact@lanalyste.fr
Q : Les Bucks doivent-ils être considérés comme un contender cette saison ? — Nathan T.
R : J’en parlais la semaine passée, les Bucks sont sur une incroyable lancée qui rappelle les résultats de leurs deux précédentes années. Trop occupés à se soucier d’un Process qui fonctionne ou de Nets qui cartonnent, on oublierait presque de surveiller l’évolution de Milwaukee.
La franchise du Wisconsin, menée par un Giannis en mode MVP depuis la sortie du All-Star break, réalise un mois de mars de haut niveau avec treize succès sur leurs quatorze rencontres. L’équipe de Budenholzer, bien décidée à retrouver la tête de la conférence Est, est désormais bien installée sur le podium en creusant un large écart avec les franchises de derrière. Plus besoin de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur, les Bucks peuvent se mettre en quête de la première place de l’Est en toute sérénité !
Cela signifie sans doute, mon cher Nathan, que Milwaukee peut être considéré comme un réel contender cette saison. Certes, ce n’est pas la première franchise sur laquelle je parierais pour soulever le trophée Larry O’Brien. Pour autant, si les Bucks ne parviennent pas cette saison encore à atteindre les Finales NBA, ce sera une nouvelle déception pour les cervidés.
Avec l’arrivée de PJ Tucker — l’expérimenté bulldog défensif et sniper sur les corners — et la mise en jambe progressive de Jrue Holiday, Milwaukee a ajouté de belles pièces à son effectif. Si elle ne dispose pas de la rotation la plus solide des favoris pour le titre, elle peut néanmoins compter sur des talents certains et plusieurs campagnes de Playoffs très formatrices.
Lors de la prochaine postseason, les Bucks ne disposeront pas du même statut de grand leader de l’Est — quoique cela peut encore changer d’ici là — que les saisons précédentes. Un statut qu’ils n’avaient finalement pas su gérer après deux régulières largement dominées. Peut-être que dans ce rôle de contender de second plan, Milwaukee se libérera enfin dans le moment le plus décisif de la saison.
Q : Même avec le retour de Klay Thompson, je ne pense pas que les Warriors puissent être considérés comme un contender l’année prochaine. Impossible de les imaginer meilleurs que les Lakers ou les Nets. Ai-je tort de le penser ? — Patrick L.
R : Décidément, le statut de contender passionne notre communauté. Et cette question que tu me poses là Patrick, je vais devoir l’aborder avec finalement peu de certitudes dans mon argumentaire.
Klay Thompson est absent des parquets NBA depuis bientôt deux ans. Son retour n’est toujours pas programmé, mais il sera sans doute prêt à rejouer rapidement après le début de la prochaine saison. Lorsque ce jour viendra, Golden State retrouvera enfin son trio de champions qui évoluera avec des Warriors « nouvelle génération ». La question est de savoir si Thompson reviendra à son meilleur niveau, comme on l’a vu cette année pour le chef Curry reparti sur des bases de MVP.
Klay a connu plusieurs blessures très lourdes en quasiment deux ans, pas sûr que le sort lui soit aussi favorable. Pour autant, rien que d’imaginer les Splash Brothers sur quatre jambes, accompagnés d’un Draymond Green multifonctions, cela me donne des bouffées de chaleur. Au sein de cet effectif, ils ne seraient certainement pas seuls ! Andrew Wiggins et James Wiseman feront toujours partie du décor pour assurer un roster plutôt compétitif. On peut aussi partir du principe que la baie d’Oakland connaîtra — comme chaque franchise — des mouvements durant l’intersaison pour se placer dans les têtes de série de l’Ouest. Mais ces transactions, réalisées par un front office très intelligent seront-elles suffisantes pour redevenir de sérieux prétendants au titre ? Rien n’est moins sûr…
De plus, tu fais un comparatif plutôt ambitieux qui a du sens et qui tend à te donner raison. Si les deux franchises choisies sont aujourd’hui des favoris pour le titre — en mettant de côté des absences à moyen/court terme — elles repartiront avec leurs forces majeures l’année qui suit, même si elles se loupent cette saison. Anthony Davis et King James côté californien, le groupe KD-Kyrie-Harden pour les Nets, seront encore sous contrat avec leur équipe respective.
Tant que je n’ai pas vu l’artificier au numéro 11 et à la barbiche de ton oncle trop alcoolisé à n’importe quelle heure de la journée — je m’égare… —, j’ai du mal à les envisager aussi forts que les équipes déjà citées ou même que les Clippers et les Sixers. Mais la NBA nous réserve souvent de belles surprises… Alors, n’allons pas trop vite, ne voyons pas aussi loin que Curry à trois points et croisons les doigts pour que les Warriors reviennent dans les meilleures conditions.