Une voie royale vers le titre européen pour Barcelone ?

par Clément D.
BARCELONA, SPAIN - MARCH 06: Nikola Mirotic, #33 of FC Barcelona celebrates at the end of the 2019/2020 Turkish Airlines EuroLeague Regular Season Round 28 match between FC Barcelona and FC Bayern Munich at Palau Blaugrana on March 06, 2020 in Barcelona, Spain. (Photo by Rodolfo Molina/Euroleague Basketball via Getty Images)

Après 12 journées d’Euroleague, le FC Barcelone occupe la première place du classement avec 9 victoires et 2 défaites. Comme pour l’ASVEL, L’Analyste dresse un bilan du début de saison tonitruant des Barcelonais. Le recrutement de Sarunas Jasikevicius a finalement changé le visage du club catalan. Mais est-ce suffisant pour remporter le titre de champion ?

Une domination évidente

Indisponible pour les premières rencontres, Nikola Mirotic assure d’excellentes prestations depuis son retour. Avec 17,1 points par match à 80,9 % à deux points, 29,2 % à trois points et 88,5 % aux lancers francs, l’ailier étale son arsenal face aux intérieurs européens. En Euroleague, la mobilité latérale du shooteur hispano-monténégrin pénalise moins son équipe en défense qu’en NBA. Arrivé l’été dernier en signant un contrat de 30-35 millions d’euros sur quatre saisons, dont une en option, l’ancien Madrilène se fond dans le collectif catalan grâce à son talent offensif.

Le quatrième meilleur scoreur de la ligue contraint ses adversaires à venir défendre au large, facilitant ainsi le jeu en pénétration du backcourt barcelonais, et profite de sa maîtrise au poste pour marquer la plupart de ses points. Souvent plus grand que ses vis-à-vis, il utilise notamment le fameux one-leg fadeaway, popularisé par homologue européen Dirk Nowitzki. Nikola Mirotic possède la meilleure évaluation de la compétition, avec 24,71. Tant que son club reste sur le podium, sa domination — tant dans le ressenti que sur les statistiques — en fait le favori pour le titre de MVP 2021 de l’Euroleague.

Non pas que l’équipe dépende des prestations de Mirotic, mais tandis que celui-ci ne trouvait pas ses marques en attaque, Barcelone a perdu deux matchs face à des adversaires abordables. Lors des défaites concédées face au Zénith-Saint-Pétersbourg et à Lyon-Villeurbanne, l’ancien joueur NBA n’a marqué « que » 14 points avec un pourcentage au tir catastrophique (0/6 à 3 points face au Zénith et 0/4 à 3 points face à l’ASVEL).

Arrivé cet été en provenance du Panathinaïkós, Nick Calathes bonifie le jeu catalan en tant que relais de son entraineur. Le meneur gréco-américain participe amplement à l’animation offensive de son équipe. Deuxième meilleur passeur de l’histoire de l’Euroleague avec 1260 passes décisives, il rend ses coéquipiers aussi menaçants que lui.

Ses partenaires peuvent recevoir le ballon dans n’importe quelle position. Véritable maître du pick and roll, Calathes forme un duo parfait avec Mirotic. Les deux hommes se trouvent sur pick and roll comme sur pick and pop. Le meneur dispose de la capacité d’élargir le jeu grâce à ses passes, où il trouve un joueur placé à 45 degrés, attendant le ballon pour tirer en catch and shoot. Auteur d’un bon début de saison, Nick Calathes inscrit 7,6 points de moyenne à 58,7 % à deux points et 29,6 % à trois points. L’international grec est actuellement le deuxième passeur de la ligue avec 6,9 passes par match. Avec cet axe Calathes — Mirotic/Davis, le FC Barcelone a trouvé ses moteurs offensifs.

Sarunas Jasikevicius représente sans aucun doute la plus grande satisfaction du début de saison pour le club. L’ancien meneur de la maison blaugrana est arrivé avec une idée en tête, celle de créer un collectif léché et profond. Avec 19,63 de passes décisives de moyenne, le FCB fait partie des équipes dans lesquelles le ballon circule le mieux. Les Catalans disposent de la meilleure évaluation collective de la ligue (92,63), témoignage de leur domination.

Sur les 14 joueurs enregistrés, 7 affichent une moyenne de points par match supérieur à 5. Tout cela est le résultat de la philosophie insufflée par Sarunas Jasikevicius. Dans un effectif rempli de stars, il ne plie devant personne. Depuis son banc, il corrige sans cesse les insuffisances défensives de l’un, les pertes de balles idiotes de l’autre. Il ne relâche jamais la pression. Champion d’Euroleague en 2003 face au Trévise d’Ettore Messina, le Lituanien est revenu en Catalogne pour retrouver les sommets et remporter de nombreux titres.

Quelques interrogations

Blessé la saison dernière, Thomas Heurtel vit un début d’exercice 2020-21 difficile sous Jasikevicius. Relégué en position de deuxième meneur derrière Nick Calathes, l’international français de 31 ans affirme qu’il s’agit de la plus dure période sur le plan professionnel. « Je ne suis pas libéré dans mon jeu par rapport aux années précédentes. C’est compliqué, d’autant que je m’étais bien préparé, l’été qui a suivi ma blessure », confie le natif du sud de la France à L’Équipe. Avec 3,2 points par match à 34,6 % à 2 points, 21,1 % à 3 points et 2,2 d’évaluation, le Heurtel affiche ses plus mauvaises statistiques en Euroleague. En regardant les matchs de Barcelone, on le sent frustré et mal à l’aise dans son rôle. L’ancien de l’EBPLO aime diriger le jeu et marquer le rythme de la rencontre, chose qu’il ne peut pas vraiment réaliser compte tenu de son statut.

Thomas Heurtel (FC Barcelone), meneur Français. Photo : David Ramirez
Thomas Heurtel, meneur Français du club catalan, ne se fait pas à son rôle.
Photo : David Ramirez Photographie

Les planètes semblent alignées pour la maison blaugrana en cette fin d’année 2020. Dominer sur toute une saison demande beaucoup de travail, de concentration et de chance. Pour l’instant, les joueurs et le staff technique travaillent très correctement. Néanmoins il est dur de ne pas voir la défaite face à l’ASVEL comme l’illustration du plus grand danger : soi-même. Car oui l’équipe a fait preuve de suffisance face aux Français affutés et prêts à en découdre. Pour rester sur la première marche du podium, les Catalans doivent apprendre de leurs erreurs.

Le FC Barcelone fait partie des grands favoris pour le titre de champion d’Europe avec une certaine supériorité dans de nombreux secteurs de jeu. Le club compte certains des meilleurs joueurs d’Europe à leur poste, à l’image de Brandon Davies, Nikola Mirotic ou Corey Higgins. Il respire la sérénité avec une réserve dense, qui s’appuie notamment sur Kyle Kuric, Leandro Bolmaro ou encore Rolands Smits. Ses seconds couteaux sont capables de se maîtriser dans les moments importants, à l’image des dernières secondes décisives d’une finale. Oui, cette année, le FCB a tout d’un champion.

Photo : Rodolfo Molina/Euroleague Basketball via Getty Images

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