Après son transfert de Houston à OKC, à 34 ans, Chris Paul passait au second plan en NBA. Tout comme sa nouvelle équipe. Finalement, Paul a prouvé qu’il faisait encore partie des meilleurs joueurs en activité avec une saison surprenante, tant sur le plan collectif qu’individuel. Une véritable cure de jouvence pour sa carrière.
Deux années compliquées, voilà ce qu’a vécu Chris Paul à Houston. Des blessures et une tactique dans laquelle il n’a pas pu se retrouver ont eu raison du meneur, qui n’aura pas été à la hauteur de son contrat et des attentes placées en lui. Il n’a pas su faire passer ce cap dont Houston avait besoin pour enfin atteindre les Finales NBA. Évidemment, l’épisode du tunnel dans les vestiaires du Staples Center n’a pas aidé sa réputation qui déclinait de jour en jour. À l’été 2019, il a été la grosse contrepartie du transfert de Russell Westbrook et a été envoyé au Thunder.
Une saison collective réussie
Cette saison, si le Thunder s’est invité à la table des équipes de Playoffs, c’est à la surprise générale. Sur le papier, le collectif était intéressant à suivre, mais personne ne le voyait atteindre la cinquième place à l’Ouest. Après le départ de Westbrook et celui de Paul George, qui n’ont pas pu répéter la l’effort de 2016 en allant en Finales de Conférence, le projet d’OKC s’orientait vers la reconstruction. Récupérer des picks de Draft et tenter de recréer ce qui avait fait leur succès avec Kevin Durant, le tout avec des vétérans pour encadrer les jeunes joueurs et un maximum de régularité. Au final, Billy Donovan aura réussi à donner une tout autre dimension à ce projet dès la première saison.
Le Thunder termine l’exercice 2019-20 avec un bilan de 44 victoires pour 28 défaites, puis sort au premier tour des Playoffs face à Houston en 7 matchs. Si la saison était inattendue, la fin peut laisser un goût amer à Oklahoma City qui s’est surpris à croire fermement en un passage en demi-finales de conférence.
Ce collectif a révélé le réel niveau de Shai Gilgeous-Alexander (sophomore, arrivé dans le transfert de Paul George) et de Luguentz Dort (rookie, non drafté). Ces joueurs ont été mis sous la lumière des projecteurs et ont été d’une grande aide dans la saison du Thunder. De plus, Dennis Schroeder et Billy Donovan faisaient respectivement partie de la course au titre de Sixième homme de l’année et celui de Coach de l’année. Malheureusement aucun des deux n’a remporté le trophée pour lequel il concourrait.
Une saison individuelle de haut vol
Annoncé sur le déclin après des années compliquées à Houston où il n’aura jamais réussi à s’acclimater au jeu de D’Antoni, Chris Paul a été l’auteur d’une saison exemplaire. D’une part, il est devenu le patron du Thunder sur et en dehors du terrain, notamment en tant que mentor des jeunes pousses d’OKC. Sur le plan statistique, CP3 tourne à 17,6 points, 5,0 rebonds, 6,7 passes en 70 matchs. Il fait aussi partie des joueurs les plus clutchs de la NBA.
Véritable meneur du Thunder, il forme un duo parfait avec Shai Gilgeous-Alexander — parfois un trio avec Dennis Schroeder. Tout au long de l’année, ils ont affiché une belle complicité sur le terrain. Paul a réussi à titrer profit de son expérience dans toutes les situations imaginables et à ramener la sérénité au sein du vestiaire, où son leadership était incontesté.
À partir de l’arrêt de la saison, le président de l’Association des joueurs a travaillé de pair avec la NBA afin de ramener la compétition dans les meilleures conditions et les meilleurs délais. Il a rempli son rôle de médiateur, même après la nuit historique du 26 août, lorsque certains athlètes ont décidé d’arrêter de jouer.
Pour une fois, la saison du « Point God » semble irréprochable, lui qui a ramené le Thunder en Playoffs tout en servant la cause Black Lives Matter au sein de la NBA.
Quel avenir ?
Si Chris Paul est tombé dans les rumeurs de transfert dès son arrivée à Oklahoma City, il se pourrait qu’il y reste finalement jusqu’à la fin de son contrat — encore deux années pour 41, puis 44 millions de dollars. Le Thunder se montrera en tout cas bien plus exigeant que prévu.
En cas de transfert, rien n’indique si le meneur pourra maintenir un tel niveau de jeu la saison prochaine, ou s’il retrouvera un cadre inadapté, comme à Houston. Son contrat est un frein pour toutes équipes intéressées, et peu d’entre elles peuvent trouver la place d’accueillir le vétéran. Les Bucks, les Knicks, le Jazz, les Sixers et les Bulls sont les actuels prétendants pour récupérer Paul.
À 35 ans, il ne lui reste plus beaucoup de temps avant la retraite. Il pourrait ne pas vouloir être transféré afin de se stabiliser, une dernière fois, à OKC.
Le Thunder continuera de se concentrer sur la création d’une young superteam. D’abord par une sélection intelligente à la Draft puis l’accompagnement de ses joueurs, mais aussi en préservant une certaine continuité — notamment avec Luguentz Dort, l’une des surprises de l’année.
Avec leur récente saison, les espoirs sont de la partie côté Oklahoma, et la défaite face à Houston le prouve. Ils sont sortis en sept matchs lors desquels l’équipe a su exposer ses qualités et montrer que leur saison n’avait rien d’une anomalie. Lors du septième match, OKC aurait pu l’emporter si Harden n’avait pas contré Dort dans les dernières secondes. Score final : 102-104. La série est restée serrée jusqu’à la fin, sans que les Rockets montrent le moindre signe de domination face au Thunder.
Avec ou sans Billy Donovan sur le banc, le Thunder a un avenir radieux devant lui. Des jeunes joueurs prometteurs encadrés par des vétérans, des choix de Draft entre les mains d’un Front Office expert : Oklahoma City a tout pour progresser. De son côté, Chris Paul sera attendu cette fois au tournant — peu importe où —, pour enchaîner sur une bonne saison après une cure de jouvence en Oklahoma.
Photo : Nathaniel S. Butler/NBAE via Getty Images