Ancien journaliste, Chris Elise est un photographe français expatrié aux États-Unis. Depuis 2006, à Boston puis à Los Angeles, il multiplie les clichés de stars, immortalise les joueurs et leurs actions. Le « frotographe » a répondu aux questions de L’Analyste.
L’Analyste : Vous étiez journaliste, pourquoi cette conversion vers la photographie ?
Chris : Mon rêve était de vivre aux USA. La décision de tenter l’aventure s’est combinée avec le souhait d’orienter ma carrière vers un job qui me permettrait d’être au plus près des sports que j’aime. La photographie satisfait ma part de contemplatif : suivre un sujet, traiter d’un sujet, à distance, sans directe interaction. Auparavant journaliste à l’écrit, je ne me sentais pas capable d’un niveau suffisant à l’écrit en langue anglaise, pas pour un style de qualité. Devenir photographe de sports était au croisement de mes souhaits et de mon expérience : un nouveau média d’écriture.
Pour quelles raisons avez-vous choisi la NBA ?
C : Le projet — et rêve – était de vivre aux USA, et de couvrir ces sports que j’aime et suis depuis l’adolescence. La NBA étant très vendeur en France, il était judicieux de me focaliser sur cette ligue, plutôt que sur la MLB ou NFL. Après plus de 10 saisons, mon travail a fini par être remarqué par le VP Photo de la NBA, qui a proposé de me représenter, d’abord pour une séquence de photos de LeBron James, puis depuis deux ans pour l’ensemble de mon travail.
Vous êtes passé de Boston à Los Angeles, pourquoi ?
C : Boston était une opportunité de franchir le pas et de m’installer aux USA après de nombreuses années à faire des allers-retours entre la France et les USA. Mon meilleur ami y vivait alors et pouvait m’accueillir chez lui. Mais j’avais besoin d’un marché plus important pour assurer mes revenus. Los Angeles est un des plus gros marchés ici — deux équipes NBA, plus tous les autres sports, ainsi que l’entertainment — et j’ai eu l’opportunité de développer le business pour une agence de photo française qui voulait investir le marché américain. Après une saison à Boston, je me suis installé à Los Angeles où je vis toujours.
Quelle est, dans votre portfolio, votre photo préférée ?
C : Il m’est difficile d’en choisir vraiment une seule. Mais j’aime beaucoup celle de KD, champion NBA, recevant le trophée de MVP des Finals, sa mère à ses côtés, tous les regards convergents vers lui.

Avez-vous de bons rapports avec les joueurs ? Est-ce important ? Êtes-vous particulièrement proches de certains d’entre eux ?
C : Ma philosophie sur le sujet est que c’est mon job, que je ne suis pas là pour faire la groupie ou le fan boy. Mon accès — privilégié du point de vue d’un fan — n’est pas dû à ma personne, mais aux médias pour lesquels je bosse. Ces joueurs NBA ont beaucoup de sollicitations, plus souvent que rarement de personnes intéressées. Je tiens à être reconnu pour et par mon travail, et préfère garder mes distances pour conserver une relation pro avec les joueurs. Cela n’empêche pas des affinités et un lien amical, voire une estime de leur part pour mon taf. J’ai noué ce type de rapports avec des joueurs comme Paul Pierce, Jamal Crawford, Derrick Rose, DeAndre Jordan pour en citer quelques-uns, et les Frenchies — qui ne voient pas souvent un photographe concitoyen sur les parquets — Boris Diaw, Ronny Turiaf, Nicolas Batum, Rudy Gobert, etc., Mickael Pietrus ou Nando De Colo par le passé — deux joueurs qui m’ont toujours traité avec la plus grande des courtoisies.
Nouer un rapport privilégié — surtout avec les Frenchies — pourrait être utile pour des shootings privés, shootings magazines. Mais je ne veux pas les solliciter ainsi. Je couvre la NBA depuis 15 saisons, ils me connaissent, s’ils le veulent, ils peuvent me contacter. Je ne me vois pas jouer la carte « photographe français » pour faciliter mon accès auprès d’eux. Seul le travail, le parcours, devrait suffire.
« C’est mon job, je ne suis pas là pour faire la groupie ou le fan boy. »
Vous avez eu la chance de photographier Kobe Bryant, en gardez-vous un souvenir particulier ?
C : Un souvenir continu : une constante prise de conscience d’être en présence d’un génie du jeu, que chaque moment était un privilège, celui de témoigner de l’écriture de l’histoire de ce sport par une de ses légendes. Désormais éternelle.
Quelle place pour la passion dans votre métier ?
C : J’aime le jeu depuis que je suis gosse. Shooter des Finals NBA lorsque tu les as regardés 30 ans auparavant à 2 heures du matin en France, c’est un rêve. Ça n’en reste pas moins un job, exigeant, parfois difficile. Je ne sais pas si je peux dire que c’est une passion. Le mot est fort. J’aime le jeu, j’aime l’histoire de la NBA. J’ai mon dream job. Le passionné du jeu que je suis frissonne à chaque match et se délecte des souvenirs qu’il conserve, par la nature du job.

Une touche un peu plus personnelle : vous avez pris une photo de Kevin Garnett, aux Celtics, que j’aime particulièrement. Pouvez-vous nous raconter l’histoire qui se trouve derrière cette image ?
C : C’était un moment de la routine de Kevin Garnett à chaque match, fixer avec intensité la base du panier pendant quelques secondes. J’ai assisté à ce moment des dizaines de fois, l’ai shooté quelques fois, pour finir par avoir cette photo.
Retrouvez le trvail de Chris sur Instagram.
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