Les Raptors sont champions : l’ascension fulgurante de Toronto

par Benjamin Moubeche
TORONTO, ONTARIO - MAY 25: A detail of the Eastern Conference Finals trophy as the Toronto Raptors celebrate defeating the Milwaukee Bucks 100-94 in game six of the NBA Eastern Conference Finals to advance to the 2019 NBA Finals at Scotiabank Arena on May 25, 2019 in Toronto, Canada. L'Analyste via NBA. (Photo by Gregory Shamus/Getty Images)

We The North. Cette nuit, Kawhi Leonard et ses coéquipiers ont jeté un froid sur L’Oracle Arena. Les Raptors se sont imposés 114 à 110 à Golden State, terminant ainsi la série avec 4 victoires pour 2 défaites, et ont remporté le premier titre de champions de l’histoire de Toronto. Cette victoire vient ponctuer un formidable exercice 2018-19, fruit du labeur de tous les joueurs de l’équipe et de son architecte, Masai Ujiri. Triomphant ainsi des premières finales de l’histoire de la franchise, Toronto a bien plus à rapporter au Canada que son premier trophée.

Un Game 6 palpitant

Maladroits derrière la ligne lors du Game 5, les Raptors entament la rencontre avec un excellent 5-6 à trois points. Kyle Lowry ne se fait pas attendre et marque les 11 premiers points de son équipe en deux minutes de jeu. Les Warriors, eux, commencent par la raquette. Ils marquent leurs 5 premiers paniers à l’intérieur, ponctués par un tir à distance de Klay Thompson. Golden State mène ensuite un run de 8-0 contre Toronto, qui répond très vite. Les Canadiens terminent la mi-temps en tête, 60 à 57.

En deuxième mi-temps, les Warriors semblent bien plus adroits à trois points, tandis que les Raptors percent à l’intérieur. Un événement tragique vient alors marquer le troisième quart-temps. Défendu par Danny Green, Klay Thompson se réceptionne en déséquilibre après une tentative de dunk. Il reste au sol pendant un long moment en se tenant le genou. La frustration des Warriors est palpable. Il prend alors la direction du vestiaire, fait demi-tour pour marquer deux lancers francs, puis sort définitivement du match. Quelques heures plus tard, nous apprenons que Thompson souffre d’une rupture du ligament croisé antérieur du genou gauche — une terrible blessure qui pourrait le tenir éloigné des parques pendant une bonne partie de la saison.

Dans le dernier quart, le score est très serré. C’est Fred VanVleet qui, à coup de trois points contestés, amorce le début de la fin. Aucune équipe ne se relâche, les champions se battent jusqu’au bout pour forcer un game 7 à Toronto, en vain. Steve Kerr met en place un système pour Stephen Curry, supposé tirer à trois points : un échec. Par la suite, Draymond Green demande un temps mort alors qu’il n’en reste plus aux Warriors, offrant ainsi deux lancers francs aux Canadiens. Kawhi Leonard, futur MVP des finales, vient clôturer le match avec deux lancers. Le buzzer retentit : 114 à 110. Pour la première fois de leur histoire, les Raptors sont champions NBA.

Kawhi Leonard et Kyle Lowry, deux champions au parcours très différent. (Photo : Sergio Estrada / USA TODAY Sports)

Toronto Raptors

  • Kyle Lowry : 26 points à 9-16 au tir, 7 rebonds et 10 passes
  • Pascal Siakam : 22 points à 7-16 au tir, 6 rebonds et 3 passes
  • Kawhi Leonard : 22 points à 7-16 au tir, 6 rebonds et 3 passes
  • Fred VanVleet : 22 points à 6-14 au tir

Golden State Warriors

  • Klay Thompson : 30 points à 8-12 au tir et 5 rebonds
  • Andre Iguodala : 22 points à 9-15 au tir
  • Stephen Curry : 21 points à 6-16 au tir et 7 passes
  • Draymond Green : 11 points à 5-10 au tir, 19 rebonds et 13 passes

Les autres prétendants au titre auraient aimé affronter cette équipe des Warriors. Fortement diminués par la blessure de Kevin Durant, qui l’a empêché de jouer pendant les finales, et celles de Klay Thompson, le privant du Game 3 et et de près de la moitié de ce match, les hommes de la Baie partaient avec un sérieux désavantage. Mais tout est une question de timing. Les Raptors, après un combat acharné à l’Est, méritent leur trophée. Ils peuvent rentrer au Canada la tête haute.

L’aboutissement d’un projet audacieux

Ce titre est l’aboutissement du travail du Front Office des Raptors, qui a entièrement façonné cette équipe. L’été dernier, Masai Ujiri a décidé de commettre l’impardonnable. En transférant le visage de la franchise, DeMar DeRozan, à San Antonio en échange de Kawhi Leonard — qui sortait alors d’une saison blanche et qui n’avait plus qu’une année garantie par son contrat — le General Manager des Raptors a fait un pari très risqué. Avant de prendre une décision, le front office pèse toujours le pour et le contre. Un transfert passe souvent pour un un acte antipathique, froid, rationnel, détaché de tout sentiment. Mais Masai Ujiri a simplement vu en Kawhi l’opportunité de passer un cap. Il a vu en lui une chance de rejoindre la compétition et de transformer Toronto en un candidat sérieux au titre.

Remplacer le coach de l’année, Dwane Casey, par son assistant sans la moindre expérience en tant que coach en chef, voilà un second pari risqué du GM des Raptors. Ce choix, parfaitement incompréhensible au premier abord, se révèle finalement être un coup de maître. Aujourd’hui, Nick Nurse est considéré comme l’un des meilleurs coaches de la ligue et est d’ailleurs beaucoup plus estimé que son prédécesseur cette saison. Ujiri a tout misé sur un coup de poker pour finalement remporter le gros lot. Mais Masai Ujiri n’est pas le seul à avoir pris des risques et fait des sacrifices. Loin de là.

C’est pour cette victoire que Kawhi Leonard a pris une année entière pour sa rééducation et a également, tout au long de la saison, pratiqué le load management. C’est pour cette victoire que Marc Gasol a choisi de renoncer à son trade kicker plutôt que de rester dans la seule franchise qu’il ait connue. C’est pour cette victoire que Serge Ibaka a accepté de mettre son égo de côté pour rejoindre le banc, malgré un talent indéniable et une grande expérience. C’est pour cette victoire que Jeremy Lin a décidé de faire un sacrifice financier dans un buyout, pour être là, pour faire partie de l’histoire.

OAKLAND, CALIFORNIA - JUNE 13: Kawhi Leonard #2 of the Toronto Raptors celebrates with the Larry O'Brien Championship Trophy after his team defeated the Golden State Warriors to win Game Six of the 2019 NBA Finals at ORACLE Arena on June 13, 2019 in Oakland, California. NOTE TO USER: User expressly acknowledges and agrees that, by downloading and or using this photograph, User is consenting to the terms and conditions of the Getty Images License Agreement. L'Analyste via NBA. (Photo by Lachlan Cunningham/Getty Images)
Les Raptors, champions pour la première fois de leur histoire. (Photo : Lachlan Cunningham/Getty Images)

Certains sacrifices, peut-être trop lointains, ont d’ailleurs été oubliés. Celui de Pascal Siakam, qui a quitté son continent pour mettre son énergie au service de Toronto. Celui de Kyle Lowry, qui a entamé ce processus il y a sept ans déjà sans jamais abandonner. Ceux de Norman Powell, Fred VanVleet et Danny Green, qui n’ont jamais cessé de se battre face à l’adversité. Ceux des coaches, des scouts et des analystes, qui ont travaillé sans relâche pour faire progresser cette équipe. Ceux de tous les employés des Raptors, pour tous leurs efforts, tout leur travail.

Ne vous méprenez pas, ce titre n’est pas le résultat d’une seule année de travail. Il est l’aboutissement de 24 saisons en NBA. C’est pour cette victoire que les Raptors de Toronto ont été créés.

Au-delà du titre

Cette victoire n’est pas seulement synonyme de gloire. Elle est aussi synonyme de continuité.

Cet été, Kawhi Leonard sera agent libre. Les Raptors seront en mesure de lui offrir un contrat de 190 millions de dollars sur cinq ans tandis que les autres franchises ne pourront lui proposer que 175 millions sur quatre ans. le MVP des finales pourrait aussi décider de signer un contrat de deux ans puisque, à partir de l’été 2021, il sera éligible à un contrat de 240 millions de dollars sur cinq ans à Toronto. Le front office de la franchise savait qu’il aurait un avantage financier sur ses concurrents. Désormais, en tant que champions NBA, les Raptors ont aussi un avantage sportif : ils peuvent proposer un projet concret à Kawhi Leonard, intéressant sur le court comme sur le long terme.

Cette victoire pourrait également jouer dans la prolongation de Danny Green, lui aussi agent libre cet été, ce qui permettrait aux Raptors de conserver un solide joueur de rotation sans diminuer leur marge salariale. Marc Gasol, qui devrait lever sa Player Option à 25 millions de dollars pour la saison 2019-20, pourrait rester au sein de l’effectif de Toronto ou partir dans un transfert au profit de l’équipe. Désormais, l’Ontario est une destination de choix pour les agents libres qui voudront rejoindre un effectif complet qui a déjà fait ses preuves.

Lorsque le buzzer retentit à l’Oracle Arena, tout apparaît comme une évidence. Tout ce travail, toutes ces décisions, toutes ces heures d’entraînements. Toutes ces épreuves, toutes ces années de reconstruction, toutes ces déceptions n’ont pas été vaines. Pour l’équipe, l’organisation et les fans… ce trophée est ce pourquoi la franchise se bat depuis 24 ans. Les Raptors sont champions, longue vie aux champions.

Photo : Gregory Shamus/Getty Images

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