« C’est avec une grande émotion que je mets un terme à ma carrière. J’ai beaucoup travaillé, énormément reçu, c’était une aventure incroyable! Même dans mes rêves les plus fous, je n’aurais jamais pensé vivre ces moments exceptionnels en équipe de France et en NBA. Merci ! »
Tony Parker
Les athlètes dépassent parfois le cadre du sport. Certains d’entre eux vont bien au-delà de la performance, marquant l’histoire d’une ligue, d’une discipline, et, à de très rares occasions, tout un pays. Âgé de 37 ans, après 18 saisons en NBA, le meilleur joueur français de l’histoire décide de prendre sa retraite. Arrivé en NBA en 2001, le meneur est un véritable monument du basket mondialement reconnu. TP laissera sa marque dans l’histoire de la ligue, son empreinte est indélébile, et quand bien même sa retraite semblait imminente et logique, cette annonce est un choc pour les fans de basket, en France ou ailleurs. Cette décision marque la fin d’une ère.
Retour sur la carrière de l’un des plus grands basketteurs de tous les temps
Sélectionné en 28e position de la Draft de 2001 par les Spurs de San Antonio, Tony Parker arrive dans une équipe portée par Tim Duncan, MVP cette saison, et David Robinson, alors âgé de 36 ans. Il joue le premier match de sa carrière en NBA face aux Clippers de Los Angeles, le 30 octobre 2001, contre lesquels il inscrit 9 points, 3 rebonds et 3 passes décisives en 21 minutes. D’abord envisagé comme le potentiel remplaçant d’Antonio Daniels, Parker s’impose très vite dans le cinq majeur de l’équipe. Cette année là, le joueur français nous gratifie d’une saison à 9.2 points, 4.3 passes, 2.6 rebonds et 1.2 interception par match et une sélection dans la All-Rookie First Team. Il gagne la confiance de son coach, Gregg Popovich, qui voit déjà en lui un grand joueur en devenir.
En 2002-03, pour la dernière saison de l’Amiral et la première de Manu Ginóbili, les Spurs dominent la ligue. Ils terminent la saison avec un bilan de 60 victoires pour seulement 22 défaites. Tony Parker s’améliore nettement, notamment au scoring. Il marque désormais 15.5 points par match dans l’ombre de Tim Duncan, MVP pour la deuxième fois d’affilée. San Antonio remporte alors le titre face aux Nets de Jason Kidd contre lesquels Tony Parker affiche une moyenne de 14 points, 4.2 passes et 3.2 rebonds par match. Ce titre marque alors la fin de l’époque des ‘Twin Towers’ et l’entrée dans l’ère du Big Three de Duncan, Parker et Ginóbili.
À San Antonio, Tony Parker se constitue un Palmarès remarquable, tant sur le plan individuel que collectif. Champions NBA en 2003, 2005, 2007 et 2014 avec les Spurs, lui et ses deux coéquipiers deviennent l’emblème de la franchise. TP est nommé MVP des finales en 2007, sélectionné 4 fois dans les équipes All-NBA et 6 fois pour le All Star Game. Il est, avec Magic Johnson, l’un des seuls meneurs de l’histoire à remporter au moins 4 titres et un trophée de MVP des finales. Il est le 5e meilleur passeur de l’histoire des Playoffs et 17e meilleur passeur en carrière. Avec 19.000 points et quelques coups de chauds, dont un career high à 55 points face aux Minnesota Timberwolves, Parker est également reconnu comme un formidable attaquant.
En France, Tony Parker devient l’ambassadeur du basketball américain. Il ouvre la voie à de nombreux joueurs, notamment Rudy Gobert et Nicolas Batum, et se fait une place parmi les athlètes les plus respectés du pays. Pendant douze longues années, il est d’ailleurs le sportif français le mieux payé. Son impact se traduit par l’augmentation du nombre de licenciés de la la fédération française de basketball, +50% en dix ans, soit plus de 668.000 licenciés en 2018.
En 2013, Tony Parker est récompensé pour sa fidélité au maillot français quand les Bleus gagnent leur première grande compétition internationale, l’Euro, au cours de laquelle Tony Parker nous gratifiera d’un discours marquant, inoubliable pour ceux qui ont eu la chance de le voir en direct.
C’est ce joueur, si important pour le basket en France, qui transmis leur passion pour la grande ligue à de très nombreux francophones. Le 24 janvier 2020, un match NBA aura lieu à Paris. C’est à Tony Parker, entre autres, que nous devons cet événement.
La retraite de Tony Parker : un choix logique et inévitable
En NBA, la plupart des joueurs arrêtent leur carrière à 34 ou 35 ans, âge qui varie en fonction du jeu, du physique et de la motivation de chacun. Le jeu du meneur reposant principalement sur sa vitesse et son agilité, les marques du temps ne l’ont pas épargné. Du haut de ses 37 ans, Tony Parker envisageait la retraite depuis un moment déjà, il était temps pour le meneur de mettre un terme à sa carrière.
En constante baisse statistique depuis la saison 2012-13, le meneur ne marquait plus que 7.7 points par match pour sa dernière saison à San Antonio, une moyenne bien éloignée de ses 22.0 points par match en 2008-09. Laissant sa place à la nouvelle génération, ainsi relégué au poste de remplaçant de Dejounte Murray, Parker avait pris la direction de Charlotte après 17 saisons avec les Spurs afin de trouver plus de temps de jeu et former les jeunes Hornets. Excellent backup de Kemba Walker cette année, le français n’a pu jouer que 17.9 minutes par rencontre. La diminution de ses statistiques, de son temps de jeu et de ses chances de gagner un nouveau titre en NBA sont tant de raisons qui l’ont poussé à quitter la ligue cette année.
En NBA, le jeu est en constante évolution. Il est de plus en plus difficile pour un joueur vieillissant de suivre le rythme. En effet, le facteur pace (nombre de possessions en 48 minutes) de la ligue, 100.0 cette année, n’a jamais été aussi élevé depuis la saison 1888-89, le jeu est toujours plus rapide et toujours plus axé sur les tirs à distance. Avec 32.0 tirs à trois points tentés par match sur la saison 2018-19 contre 14.7 à l’arrivée de TP dans la ligue, un joueur extérieur à 32.4% derrière l’arc en carrière dont 25.5% cette année a de moins en moins d’impact sur les parquets. Le jeu de Parker n’est plus réellement adapté à la NBA actuelle dans laquelle les 5 joueurs présents sur le terrain doivent être considérées comme des menaces à l’extérieur. Ces changements au sein de la ligue ne pouvaient que pousser le joueur français vers la sortie.
Si la retraite de Tony Parker était attendue et semble aujourd’hui être le meilleur choix à faire pour le meneur, cette annonce n’en reste pas moins poignante. La NBA, le basket français et les fans doivent beaucoup à ce futur hall of famer. TP aura su marquer les esprits et amener, à sa manière, le basketball en France. Il laisse derrière lui son héritage et de nombreux joueurs à qui il a servi de modèle. Maintenant, place à une nouvelle ère. Pour toutes ces années magiques, pour ces titres et tous ces matchs palpitants… merci.
Photo : Chris Humphreys/USA Today Sports