Par Quentin Belletoise, ancien rédacteur de L’Analyste.
L’été dernier fut tourmenté pour la franchise des San Antonio Spurs. En effet, avec l’annonce des envies d’ailleurs de Kawhi Leonard, suivie de son transfert vers le Canada et les Raptors, la retraite de Manu Ginóbili ainsi que le départ de Tony Parker vers Charlotte, l’institution qu’était la franchise Texane depuis maintenant plus de 20 ans a vécu une intersaison particulièrement difficile.
La saison des Spurs
DeMar DeRozan, arrivé suite au trade de Kawhi, était une pièce importante à intégrer dans l’effectif des Éperons, la blessure de Dejounte Murray allait lui faire rater la saison et les Spurs n’avaient pas assez de talents pour prétendre jouer les chefs de file de l’Ouest. Cette saison s’annonçait comme la première d’une période de transition nécessaire, afin de développer les jeunes, de réinstaurer un collectif solide, tout en restant compétitifs et en mesure de jouer les Playoffs. Objectif réussi, comme souvent depuis 20 ans à San Antonio. La franchise a réussi à arracher les Playoffs, avec un joli bilan de 48-34 et une septième place à l’Ouest, pour leur 22ème saison de suite avec un bilan positif et un ticket pour les Playoffs. Retour sur une saison plutôt bonne pour la franchise Texane, bien qu’en dessous de ses standards habituels.
Les points positifs de la saison
L’attaque des Spurs : L’attaque des Spurs est meilleure que la saison précédente. Incisifs et rapides, Gregg Popovich a décidé d’accélérer le rythme de jeu de son équipe pour se concentrer sur l’offensive. Ainsi, les Spurs jouent 3,32 possessions de plus sur 48 minutes, une augmentation significative. Ils étaient la 2e équipe la plus lente de la ligue l’année dernière et sont désormais la 5e plus rapide. En résulte une augmentation du nombres de points marqués, passant de 107,0 pour 100 possessions à 112,2.
L’intégration de DeMar DeRozan : Ayant servi de monnaie d’échange afin de faire venir Kawhi Leonard dans le nord, DeRozan devait s’adapter à son nouvel univers et réussir à intégrer la mentalité Spurs. C’est chose faite pour l’arrière qui a même augmenté sa production statistique : bien que sa moyenne de points soit passée de 23 à 21 points, le numéro 10 des Spurs délivre 1 passe décisive et prend 2 rebonds de plus que l’année dernière, le tout à 48% au tir (3% de plus que la saison précédente). Son pourcentage à 3 points est exécrable (15,6%) mais il prend moins d’un tir derrière l’arc par match, cela n’a donc pas un gros impact sur sa production. Nous avons donc affaire à un DeMar DeRozan en baisse au niveau du scoring, mais plus collectif et investi dans tous les compartiments du jeu. Il sélectionne également mieux ses tirs, la preuve avec la diminution du nombre de trois points pris par l’ancien joueur des Raptors : de 3,6 à 0,6. Le joueur, connaissant sa faiblesse à distance (28% en carrière), n’en prend presque plus et diminue donc le déchet de son jeu. DeRozan semble à l’aise dans la franchise texane et s’est bien intégré à l’effectif de Gregg Popovich.
La surprise Derrick White : Peu attendu en début de saison, Derrick White a surpris bon nombre d’observateurs cette année, surtout pendant les Playoffs. Le 27e choix de draft a triplé son nombre de points marqués (de 3,2 à 9,9), tout en délivrant 3,5 passes et 2,2 rebonds de plus que la saison dernière. Le numéro 4 a profité de la blessure de Dejounte Murray pour montrer ce dont il était capable, et sa saison sophomore laisse augurer un bel avenir à ce joueur. Le meneur verra son temps de jeu réduit la saison prochaine, de par le retour de Murray, et devra gagner ses minutes en confirmant les espoirs placés en lui cette saison.
Il est également bon de souligner la constance de LaMarcus Aldridge, auteur d’une saison à 20 points, 9 rebonds et 2 passes par match, le tout à 50% au tir. Bryn Forbes a également bien progressé, en passant de 7 à 12 points de moyenne environ, accompagnés de 1,5 passes et 2 rebonds, à 43% au tir.
Les points négatifs de la saison
Un Gregg Popovich vieillissant : Cette saison est sans doute la pire des 20 dernières années des Spurs, mais il est quand même difficile de trouver des points négatifs sur l’ensemble de la saison, si ce n’est la faible évolution du style de jeu de la franchise. Gregg Popovich, qui a réussi à s’ajuster pendant les deux dernières décennies afin de s’adapter au style des différentes époques, peine désormais à trouver sa place dans la NBA actuelle. Le coach est loin d’être fan du basket en transition et basé sur le tir à 3 points, il l’avait déjà fait savoir à de maintes reprises. Cela se ressent dans le style de jeu de l’équipe, concentrée sur les tirs à mi-distance, plus vraiment adapté aux exigences actuelles de la grande ligue. San Antonio, avec 25,3 tirs à trois points par match, est l’équipe qui prend le moins de tirs à distance de la ligue. Néanmoins, ils sont 6e du classement en Effective Field Goal Percentage, montrant l’efficacité de leur jeu à mi-distance qui reste tout de même trop limité dans les matchs importants et en Playoffs.
La défense des Spurs : Si l’attaque des Spurs est meilleure que la saison précédente, leur défense est, au contraire, nettement moins bonne. L’intensité défensive de San Antonio est descendue bien en dessous de leurs standards habituels cette année, passant de 104,1 points encaissés pour 100 possessions à 110,5. Cette baisse s’explique notamment par le changement de style de jeu des Spurs, plus rapides et plus agressifs qu’avant.
On peut également pointer du doigt le départ de Danny Green, défenseur d’élite, et les blessures qui ont handicapé leur effectif. Dans une NBA de plus en plus portée sur le jeu offensif, il est difficile de rester aussi constant en défense.
Le projet des Spurs
La franchise texane, toujours calme durant l’intersaison, pourrait changer légèrement ses habitudes.
Dans leur transition, les Spurs doivent attirer de nouveaux talents à San Antonio. Cela passe d’abord par la Draft, et le choix d’un bon prospect. On ne s’en fait pas pour la franchise quintuple championne, qui a montré, pendant toutes ces années, sa capacité à transformer leurs choix hors de la loterie en excellents joueurs.
La priorité des Éperons, durant la Free Agency suivant la Draft, sera de prolonger Rudy Gay. La franchise comptera près de 100 millions de dollars de contrats garantis la saison prochaine, limitant grandement leur marge de manœuvre pour faire venir des agents libres. Cela laisse juste assez de place pour signer un très bon joueur de rotation, certainement Rudy Gay, et une Mid-Level exception.
La franchise, qui n’a pourtant pas pris l’habitude de se renforcer par le marché des agents libres, serait ouverte à un potentiel transfert de DeMar DeRozan.
La patience est de mise du côté de San Antonio, comme d’habitude. L’objectif pour la prochaine saison sera de développer les jeunes, tout en gardant un effectif suffisamment compétitif pour jouer les Playoffs.
Photo : David Zalubowski/AP Photo