Les scores atteignent des sommets en NBA

par Benjamin Moubeche
LeBron James, lors du match Lakers vs. Spurs

En ce début de saison, la NBA connaît une explosion des scores atteints en fin de match. Ici, pas de conclusion hâtive, pas de précipitation, seulement une analyse de ce phénomène qui vient chahuter la grande ligue.

Les équipes se déchaînent en attaque : 144 points pour les Warriors face à Washington. 140 pour les Mavericks face aux Wolves. Un match Lakers-Spurs qui se termine sur le score de 142 à 143. Les scores affichés en ce début de saison nous rappellent ceux du All-Star Game où, chaque année, les joueurs s’amusent en attaque et oublient pendant un match que le basket est un sport qui se pratique sur les deux moitiés du terrain.

La saison dernière, il est arrivé 13 fois qu’une équipe score 140 points ou plus.  Sur ces 10 premières nuits, cela est déjà arrivé 5 fois. Mais concrètement, pourquoi cette explosion ?

L’accélération du jeu

Pour rappel, le « pace » (ou « rythme » dans sa traduction littérale) est une statistique avancée utilisée pour estimer le nombre de possessions par match d’une équipe. Plus une équipe a de possessions et plus le rythme est rapide. Chaque saison, on entend toujours la même chose : « les équipes jouent de plus en plus vite en NBA ». Mais qu’en est-il réellement ?

On peut noter ici une augmentation inhabituelle du rythme, +1.83 contre +0.84 l’année dernière. Une information à remettre en perspective en la comparant aux premières nuits de 2017-2018 :

On note tout de même une hausse inhabituelle de +1,08.

Plus le jeu est rapide et plus il y a de possessions. Plus il y a de possessions, plus il y a de possibilité pour attaquer. Le constat qui s’ensuit est simple, lorsque le jeu accélère les équipes marquent plus de point dans le même laps de temps. On trouve deux explications à ce phénomène :

D’abord, la tendance vers un jeu plus rapide en NBA n’est pas nouvelle, les Rockets et les Celtics s’y prêtent déjà depuis quelques années. On entend de plus en plus parler de « small ball » ou de « run and gun ». Ce modèle de jeu est largement inspiré par les Warriors est assez simple à comprendre : courir vite, ce qui demande des joueurs mobiles, pour avoir plus de possessions et pouvoir tenter plus de shoots. Néanmoins, un nombre élevé de possessions implique de laisser plus d’opportunités à l’adversaire pour scorer. En bref, les équipes préfèrent actuellement privilégier l’attaque à la défense, ce qui est l’une des causes de l’augmentation des scores en NBA. 

Ensuite, il faut rappeler que cette année la pré-saison a été plus courte (2 semaines), ce qui implique que les joueurs sont certainement dans une meilleure condition physique.

Le temps de possession après un rebond offensif

Cet été, un léger changement a été opéré : alors que les équipes retrouvaient les 24 secondes qui leur étaient imparties en attaque lorsqu’elles récupéraient un rebond offensif, ce temps a été réduit à 14 secondes. Bien que cela n’ait pu être démontré pour l’instant, il se pourrait que cette modification est un impact plus ou moins important sur l’évolution du rythme en NBA et du scoring de manière générale.

Des joueurs de plus en plus mobiles

Progressivement, les grands pivots pouvant jouer au poste ont perdu de leur impact. Aujourd’hui, les équipes cherchent à recruter des joueurs extrêmement mobiles, peu importe leur poste, quitte à les choisir plus petits. C’est le cas notamment de Al Horford ou de Kevin Love, souvent utilisés au poste de pivot alors que l’on considère qu’ils correspondent physiquement au poste d’ailier fort, ainsi que de quelques joueurs exceptionnels tels que Anthony Davis, Joel Embiid ou Karl-Anthony Towns capables d’écarter le jeu et de tirer à 3 points.

Le facteur lancer francs

Les Hornets tiraient la saison dernière 27 lancers francs par match, une moyenne qui se situeraient aujourd’hui en 10ème position. Les leaders actuels sont les Pelicans de New Orleans avec 31.7 lancers francs tentés par matchs.

La moyenne de lancer francs tentés est beaucoup plus élevée que pendant la saison passée (+2.7). Cependant, en comparant ces moyennes avec celle de la saison 2016-2017, on constate que cette évolution n’est pas à l’origine de la hausse du scoring :

Le principale évolution quant à la relation entre les lancer francs et le score final est celle de l’efficacité des équipes lorsqu’elles ont l’occasion d’en tirer.

Comme le montre ce graphique emprunté au site actionnetwork.com (établi sur les 6 premiers jours de la saison) les équipes réussissent bien plus de lancer francs :

La statistique étudiée ici est le pourcentage de lancer francs marqués (par rapport à ceux qui sont tirés). De gauche à droite : des équipes ayant le plus faible pourcentage aux équipes ayant le meilleur FT%. On voit clairement que les équipes sont, pour l’instant, bien meilleures aux lancer francs. Une tendance qui pourrait s’expliquer par la tendance small ball et l’envie d’écarter le jeu avec des postes 4 ou 5 pouvant marquer des 3 points.

Pour l’instant, quelques joueurs profitent de la situation pour réaliser de grosses performances, comme Blake Griffin et Stephen Curry, ayant marqué respectivement 50 et 51 points. Et pour l’avenir ? Il est probable que les équipes commencent vite à fatiguer et que le jeu ralentisse, ainsi les scores diminueront avec le nombre de possessions par match.

Même si ce phénomène risque de perdre de son ampleur, il est évident que le rythme du jeu en NBA ne cessera pas d’augmenter avec le temps et que le jeu sera toujours porté sur des joueurs très mobiles ainsi que beaucoup de shoots à 3 points. Mais à long terme, rien n’exclue l’apparition d’une nouvelle tendance ou la résurgence de la domination des big men dans la grande ligue.

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